Renforcement des acquis au Sénégal
Par Catherine Rioux à la direction générale (avec la collaboration de Dre Francine Lavallée, optométriste)
Du 14 au 24 novembre dernier, les bénévoles Dre Francine Lavallée, optométriste, et Sophie Duchesne, opticienne, se sont envolées pour l’Afrique afin de poursuivre la formation en soins oculaires primaires des équipiers du nouveau programme permanent d’IRIS Mundial à Saint-Louis financé par le Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec (MRIF).
PRÉVOIR L’IMPRÉVISIBLE DÈS LE DÉPART
La capacité d’adaptation, la proactivité pour modifier des plans initiaux et l’ouverture d’esprit sont des atouts primordiaux en mission ! Les bénévoles d’IRIS Mundial le savent bien. Ils sont notamment sélectionnés sur la base de ces qualités et sont toujours bien préparés aux éventuels imprévus pouvant survenir en mission. Dre Lavallée et Mme Duchesne n’ont pas été épargnées cette fois-ci et elles ont su mettre à profit ces qualités dès leur départ, avec plusieurs défis inattendus à relever.
Tout d’abord, après près de 25h de correspondances et de voyagement en avion, elles ont finalement atterri à Dakar, la capitale. Après quelques complications aux douanes concernant le matériel apporté dans leurs bagages, elles ont finalement pu sortir de l’aéroport en fin d’après-midi. Le dépaysement était déjà total : des paysages désertiques sous un soleil ardent et un climat chaud et sec. Par ailleurs, ce qui était appréhendé avant départ s’est concrétisé : les bénévoles ont appris par le partenaire à ce moment-là que les instruments optométriques envoyés par bateau plus de deux mois auparavant étaient toujours coincés aux douanes à Dakar. Elles ont alors compris qu’elles auraient à user d’originalité et mettre en œuvre leur plan B dans le programme de la formation.
Un trajet d’environ cinq heures les attendait avant d’arriver à Saint-Louis. Cependant, 45 minutes avant leur arrivée, une panne les a immobilisées en plein milieu de la brousse. « Rien à l’horizon à part une lune magnifique et le cri d’un âne dans la noirceur » nous racontait Mme Duchesne. Heureusement, les collègues sénégalais ont bien pris soin des bénévoles tout en assurant leur sécurité. Le véhicule a été remorqué jusqu’à la station d’essence la plus proche avec une corde. Entre temps, elles ont appelé à l’hôtel et ont su qu’aucune réservation à leur nom n’était enregistrée dans le système, malgré la vérification faite pour confirmer le tout la semaine précédente. Par chance, il y avait tout de même une chambre disponible à laquelle elles ont pu avoir accès. Elles sont finalement arrivées sur place à 2h du matin, et ont pu se coucher bien heureuses d’être arrivées à bon port et épuisées après toutes ces péripéties !
OBJECTIFS DE LA FORMATION
Dre Lavallée et Mme Duchesne avaient pour objectif de faire la révision des acquis de la formation précédente donnée au mois de mars 2019 et de poursuivre l’apprentissage du personnel en soins visuels. L’équipe est composée de deux infirmières, d’un opticien et d’une gestionnaire. Les infirmières ont pu approfondir leurs connaissances sur les techniques de réfraction, servant à déterminer la puissance des lentilles que le patient nécessite dans sa monture. Elles ont également bénéficié d’une initiation à l’utilisation de la lampe à fente et à l’ophtalmoscopie pour examiner le fond d’œil des patients, en plus de travailler sur la gestion des urgences oculaires. L’opticien, quant à lui, a pu bénéficier de nouvelles connaissances en lentilles ophtalmiques ainsi qu’en ajustement et réparation de montures.
Dre Lavallée nous témoignait : « La clinique est superbe et bien installée. L’équipe est efficace et la dynamique entre les membres est excellente. Chacun connait bien son rôle. Beaucoup de travail a été fait au niveau de la sensibilisation et de la formation des professeurs dans la région concernant l’importance d’une bonne vision. Nous sommes très fières d’avoir rencontré cette équipe et nous pensons leur avoir apporté beaucoup de support ».
ACCESSIBILITÉ DES SOINS, MÊME À PLUS DE 100 KM
Par ailleurs, une journée de dépistage en clinique mobile avait été planifiée afin que les formatrices puissent observer le déroulement de l’événement, la qualité des interventions des équipiers auprès des patients ainsi que la manière dont la sensibilisation était effectuée. Ainsi, les deux bénévoles ont accompagné le partenaire jusqu’à Richard Toll, une petite ville minière entourée de champs de canne à sucre, située à plus de 100 km de Saint-Louis. Étant donné qu’aucun service visuel n’est présentement disponible là-bas, plus de 125 personnes ayant de graves problèmes visuels ont été inscrites à la clinique : les équipiers ont donc travaillé très fort jusqu’à 20h30 afin d’offrir les meilleurs soins à chacun d’entre eux ! Parmi ceux-ci, il y avait plus de 60 patients ayant un handicap visuel ou aveugles légalement… bien plus nombreux que ce que Dre Lavallée et Mme Duchesne avaient imaginé. Plusieurs ont eu la chance de bénéficier de paires de lunettes solaires et de lecture, et certains pourront même être opérés gratuitement.
L'histoire de Babacar
Babacar, un jeune garçon de 7 ans, est atteint de limbo-conjonctivite endémique des tropiques, une maladie oculaire très répandue dans la région qui peut mener à la cécité, si elle n’est pas traitée. Babacar a donc été pris en charge et a pu bénéficier de soins. Cela lui évitera de développer un handicap visuel (cornée opaque), comme c’était le cas de nombreux jeunes adultes examinés lors du projet ponctuel en novembre 2018.
Des recommandations ont pu être émises par les formatrices pour améliorer la tenue de ces cliniques mobiles dans le futur. Ces dernières ont notamment pu revenir sur les critères de référencement des patients nécessitant un examen plus approfondi au sein du centre d’ophtalmologie communautaire de Saint-Louis. Par ailleurs, la journée ophtalmologique mensuelle d’examens approfondis a également été organisée durant cette mission de formation, de manière à ce que les formatrices puissent en évaluer l’organisation et émettre des recommandations dans le but d’en améliorer l’efficacité.
Bref, les deux formatrices ont repris l’avion la tête remplie de beaux souvenirs et de propositions pour la formation à venir au printemps 2020. Dre Lavallée nous exprimait à son retour : « Chaud soleil africain, ciel bleu immaculé, brousse et champs arides, baobabs majestueux, petits villages de paysans, odeurs typiques, ânes, chèvres et barques de pêcheurs : voilà ce qui caractérisait le paysage se déroulant sous mes yeux durant le trajet de retour vers l’aéroport de Dakar. Je tiens à remercier Mamour, un collègue sénégalais tellement attentionné qui a fait la route avec nous. Nous sommes revenues au Québec heureuses du travail accompli, et comblées par les agréables rencontres que nous avons eu le bonheur de faire… des gens accueillants au grand cœur! »