Soins oculaires primaires pour tous !

Du 14 au 28 mars 2018, les bénévoles Dre Rashi Reskalla et Dre Sylvie Sarrazin, optométristes, se sont rendues à Labrousse en Haïti afin d’offrir à l’ensemble des infirmières du centre de santé Notre-Dame-de-Lourdes de Labrousse une formation complète sur les soins oculaires primaires.

Pérennité dans l’offre des soins oculaires de la zone

C’est depuis sa mise en place en 2010 avec FODES que le programme permanent de soins visuels à Labrousse bénéficie d’un appui en termes de gestion, de formation et de financement de la part d’IRIS Mundial. Ainsi, au travers des années, de nombreux fonds ont été octroyés et sept missions de formation ont été organisées en Haïti pour soutenir le programme. La phase actuelle d’un an, à temps partiel, a pour objectif d’amener les équipiers du programme et le partenaire à s’autonomiser, puisque le programme deviendra indépendant dès juin prochain. Ainsi, afin de pérenniser l’offre de services et s’assurer que l’ensemble des connaissances du programme et des soins visuels persiste auprès des professionnels dans la zone, il a été décidé avec le partenaire de former l’ensemble des infirmières du centre de santé sur la manière de dispenser les soins oculaires primaires. C’est donc après plus de 16h en continu de voyagement par avion et voiture que les deux bénévoles d’IRIS Mundial ont été chaleureusement accueillies très tard en soirée à Labrousse, ce petit village isolé dans le haut des montagnes du département des Nippes.

Formation pour toutes les infirmières

Dre Reskalla et Dre Sarrazin avaient pour mandat de former toutes les infirmières sur l’anatomie de l’œil, les défauts de réfraction, les principales maladies oculaires présentes en Haïti, les tests à effectuer en dépistage et le référencement auprès de l’ophtalmologiste qui vient chaque mois afin d’offrir des soins oculaires secondaires. Quatre infirmières de Labrousse ainsi qu’une nouvelle infirmière du programme permanent d’IRIS Mundial à Limbé ont participé à la formation. Ces dernières ont démontré un vif intérêt pour l’ensemble des ateliers, surtout lors de la présentation de vidéos éducatifs et la pratique sur certains instruments ophtalmologiques !

Dre Reskalla nous témoignait : « J’ai découvert une passion pour l’enseignement lors de cette mission formation. De voir des infirmières passionnées et qui veulent venir en aide aux gens de leur pays, comme celles que j’ai côtoyées, m’a donné une bonne raison de 

Mme Marjorie Millien, l’une des infirmières, nous mentionnait suite à la formation qu’elle a beaucoup appris, surtout au niveau de la lecture d’une prescription de lunettes et qu’elle aimerait vraiment que les formatrices reviennent à Labrousse.

me lever chaque matin. J’y retournerai sans hésitation et je suis persuadée que les nouvelles connaissances acquises dans le village de Labrousse serviront à des milliers de gens. »

Services nécessaires à la communauté

Lors des cliniques mobiles organisées avec les infirmières, les deux bénévoles IRIS Mundial ont pu constater l’ampleur des problèmes visuels présents dans la zone : un monsieur avec des cataractes hyper matures qui ne percevait pas du tout la lumière, des personnes aux prises avec un glaucome très avancé, un monsieur avec une perte totale de son champ de vision à gauche dans les deux yeux et qui avait de la difficulté à se déplacer, etc. Pour la plupart de ces patients, c’était la première fois qu’ils bénéficiaient de soins visuels. Par ailleurs, les deux optométristes ont rencontré un homme de 67 ans, nommé Pierre, qui s’est présenté lors d’une clinique mobile au bras de son fils qui le guidait. Ce dernier est aveugle depuis 6 ans et n’a plus aucune autonomie depuis ce temps, puisque sa cornée est opaque dans les deux yeux. On lui avait déjà annoncé auparavant qu’il n’y avait pas de traitement pour son cas. « La seule chose à notre disposition pour ce patient était une canne blanche de locomotion. Nous lui avons donc enseigné son utilisation et c’est avec un grand sourire qu’il est reparti sans que son fils le prenne par la main! » nous affirmait Dre Reskalla.

Défis lors d’une mission à l’étranger

Lors de la formation prédépart, la première information que l’on véhicule aux bénévoles qui partent en mission est : « le seul élément que l’on peut prévoir est l’imprévu ». Dre Reskalla et Dre Sarrazin ont en effet pu l’expérimenter lors d’une des cliniques mobiles organisées durant le séjour. En effet, après avoir fait 2h de transport en camion avec l’équipe, ces dernières se sont rendues dans la localité éloignée Des Sources pour offrir des soins à une trentaine de personnes tout en supervisant le travail des infirmières. Le seul endroit disponible pour accueillir l’équipe obligeait à faire une partie des tests à l’extérieur et l’autre partie des tests sous un toit qui abritait des toilettes! Outre le fait de devoir s’adapter aux conditions de travail très rustiques, les formatrices étaient heureuses de constater la bonne assimilation de la matière par les infirmières qui offraient un service adéquat aux patients. Au retour, une pluie diluvienne a commencé, rendant ainsi la route dangereuse et obligeant les équipiers à s’arrêter étant donné que le camion s’enlisait dans la boue. Lorsque la pluie a cessé, le camion était toujours coincé, forçant ainsi les équipiers à marcher près de 3h pour retourner au centre de santé. « La marche en montagne sur une route de glaise où on peine parfois à se tenir debout a été pour moi toute une expérience », nous disait Dre Sarrazin. Heureusement, un excellent pâté chinois « made in Haïti » les attendait à leur retour et leur a permis de refaire leurs forces.

À son retour, Dre Sarrazin nous témoignait : « Comment décrire mon expérience ? Je résumerais mon séjour en m’inspirant de la prière de la sérénité : Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter ce que je ne peux changer, la force et le courage de changer ce que je peux et la sagesse d’en connaître la différence. Avant de partir, Miss Édith, l’une des infirmières, m’a fait un câlin en me disant que mon enseignement était très bien. À ce moment, j’ai eu un peu de sagesse qui m’a permis de reconnaître la différence que j’avais réussi à faire, comme le dit si bien la prière. Je crois donc avoir atteint mon objectif; apporter une parcelle d’espoir en Haïti! »