Par Julie Roegiers, directrice générale

LA NAISSANCE D’IRIS MUNDIAL

En juin 2001, grâce à l’esprit visionnaire et engagé du Dr Jean-Pierre Tchang, optométriste, notre belle organisation, IRIS Mundial, voyait le jour officiellement. Cela fait 20 ans maintenant que des bénévoles de cœur font vivre cette organisation pour aider les personnes démunies à mieux voir le monde.

C’est en 1997 que Jean-Pierre réalise sa première mission au Honduras. Jean-Pierre n’a pas eu à réfléchir longtemps avant d’accepter la proposition de partir : il ne connaissait pas le pays, mais a vu là une belle opportunité de mettre un pied dans une réalité qui l’a accompagné tout au long de sa jeunesse. Car effectivement, comme Jean-Pierre nous le témoigne : « je suis tombé dedans quand j’étais petit ». Ses parents lui ont souvent parlé d’un beau projet en Ouganda, une clinique, dans laquelle ils voulaient aller travailler lorsqu’ils seraient à la retraite. Et Jean-Pierre s’est mis à rêver…

Il n’a pas fallu longtemps avant que la piqûre le prenne. Suite à cette première expérience, on lui demande de contribuer à la fondation de l’organisation Optométristes sans Frontières et c’est sous cette bannière qu’il commence à organiser annuellement ses propres projets. Mais rapidement, c’est le besoin de créer une organisation qui cadre mieux avec sa vision qui l’amène à solliciter la collaboration de son ami, le Dr Francis Jean, président d’IRIS, Le Groupe Visuel (1990) Inc. Et c’est ainsi qu’IRIS Mundial a vu le jour de même que la longue et belle collaboration avec son partenaire principal, IRIS, Le Groupe Visuel.

« Au début, on se contentait de remettre des lunettes, mais ça ne réglait pas tous les problèmes. Un des problèmes majeurs rencontrés sont les cataractes. Nous avons donc décidé d’offrir aussi des chirurgies de cataractes » nous témoigne Jean-Pierre Tchang. Très rapidement, IRIS Mundial a eu à cœur la pérennité : « une des choses dont je suis le plus fier avec IRIS Mundial, c’est qu’on a fait de la formation auprès des professionnels. Dans toutes les missions auxquelles on a participé, que ce soit en Afrique, au Pérou ou en Haïti, on a toujours travaillé en collaboration avec des professionnels locaux. Nous avons fait beaucoup de formations au niveau des techniques de chirurgie, au niveau des techniques d’examen », nous mentionne aussi Jean-Pierre Tchang. Poussant encore plus loin le raisonnement et voulant éviter de créer de la dépendance aux projets ponctuels réalisés par les bénévoles d’IRIS Mundial, Jean-Pierre a voulu créer des cliniques qui soient permanentes, en formant du personnel local : « nous voulions rendre les gens les plus autonomes possible ». C’est ainsi qu’ont commencé les programmes de prévention et de lutte contre la cécité (PPLC) d’IRIS Mundial.

LES BÉNÉVOLES AU COEUR DE L’ORGANISATION

Depuis plus de 20 ans, des bénévoles se sont relayés pour faire vivre IRIS Mundial et aider les plus démunis à mieux voir le monde. Grâce à leur travail et celui de ses nombreux partenaires à travers le monde, IRIS Mundial a pu venir en aide à plus de 93 500 personnes ! Certains des plus anciens bénévoles de l’organisation ont puisé dans leurs souvenirs quelques anecdotes, quelques impressions ainsi que leurs motivations à donner de leur temps et argent pour aider des personnes qu’ils n’avaient jamais rencontrées auparavant.  

Donner un sens à leur travail, mettre leur expérience et expertise à contribution du plus grand nombre, pouvoir faire une différence, un besoin de changement, partager l’abondance que la vie leur offre… voici quelques-unes des raisons qui poussent les bénévoles à s’impliquer pour IRIS Mundial. Et nombre d’entre eux répètent l’expérience plusieurs fois, comme le souligne si bien le Dr Jacques Samson : « si on accepte la première mission, on est 

C’est souvent quand je suis le plus occupée au travail que je veux partir en mission, pour me recentrer sur ce qui est essentiel 

Dre Annie Moreau

fait. Peu après notre retour, on commence à penser à la prochaine ».

La prise de conscience d’autres réalités, l’expérience humaine et la rencontre de personnes extraordinaires, le fait de vivre de grandes émotions, le retour à l’essentiel, la redécouverte de l’humain en soi, la nourriture de l’âme, voici un petit échantillon des nombreux bénéfices que les missions ont pu apporter aux bénévoles d’IRIS Mundial au fil du temps.

Faire des missions de ce genre, on aime ou on n’aime pas. Pour moi, ce fut déterminant. J’ai été tatouée au cœur, je ne peux m’en passer. 

Élisabeth Duncan

Ce qu’ils ont vécu a permis à de nombreux bénévoles de relativiser, de « remettre les valeurs à la bonne place » (Élisabeth Duncan) et de revenir transformés. Pour certaines personnes, ces expériences ont été des éléments déclencheurs dans leurs choix de vie, comme le relate Dr Benoit Tousignant : « Pour moi, je peux dire que IRIS Mundial a été un tournant dans ma vie.  C’est ce qui m’a poussé à aller 

étudier en santé publique/mondiale.  De là, ma carrière a pris une tout autre dimension et m’a permis de travailler en Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans d’autres pays en développement ; puis de retour à Montréal, de me tourner vers la santé des populations moins bien desservies (Premières Nations, détenus, personnes en situation d’itinérance, etc.). IRIS Mundial a été un énorme catalyseur ».

SOUVENIRS DE MISSIONS

Des souvenirs, des anecdotes, des moments forts et poignants, les bénévoles en ont une multitude à partager. Le Dr Jacques Samson se remémore un moment particulièrement marquant suite à l’opération d’un jeune homme de 18 ans qui était aveugle depuis quelques années à cause de cataractes : « son frère a pris 2 jours de congé pour aller le chercher dans les montagnes (son village), il n’avait jamais vu les enfants de son frère. Le samedi matin avant notre départ, en enlevant son pansement, le jeune homme de 18 ans s’est mis à pleurer en voyant ses neveux pour la première fois ».

Une bonne préparation avant une mission est indispensable pour que les bénévoles puissent appréhender au mieux l’expérience qu’ils vont vivre. Ces derniers sont parfois confrontés à des situations particulièrement poignantes, comme ce fut le cas pour Gérald Bourgault : « le soir je me promenais sur le site où la mission était accueillie, qui était un refuge pour femmes monoparentales. Une femme enceinte de jumeaux, à deux jours d’accoucher, m’a demandé de bien vouloir prendre ses enfants avec moi, espérant qu’ils ne manqueront de rien au Canada ». Les missions sont très éprouvantes, tant au niveau mental que physique. La santé des bénévoles est aussi mise à rude épreuve. La Dre Lyne Paré, médecin de la mission, se souvient d’une mission au Pérou en 2005 : « Mon plus beau souvenir est ma mission à Huari, en altitude. C’est aussi la mission pendant laquelle j’ai le plus travaillé. Presque tous les bénévoles ont été malades et certains assez gravement. À tous les midis, après les consultations à l’hôpital, je faisais l’aller-retour jusqu’au monastère où on logeait pour m’occuper des bénévoles malades et alités ».

La venue d’une mission de professionnels de la vision dans des régions défavorisées rencontre souvent un vif succès et des milliers de personnes sont attendues pour recevoir un examen de la vue et/ou une opération chirurgicale. Le Dr Jean-François Joly se souvient d’un moment marquant qu’il a vécu lors de sa première mission au Pérou, à Huaraz, en 2001 : « le premier matin, lors de l’arrivée du groupe au lieu de travail, les gens étaient dans la rue depuis plusieurs heures, il pleuvait et tous priaient pour nous, c’était plus qu’émouvant ».

Je crois bien que la première mission à laquelle on participe est la plus déterminante et la plus marquante car tout est nouveau. On doit vite s’adapter aux conditions de vie, aux odeurs, aux difficultés à communiquer avec les gens, aux nouvelles conditions ophtalmologiques ou optométriques que nous n’avons jamais vues auparavant. On doit aussi comprendre que parfois malheureusement, on ne peut pas aider comme on le souhaiterait.  À ce moment, c’est déchirant de voir la déception chez ces gens qui attendaient tant de nous… 

Dre Élaine Giasson

Les bénévoles sont souvent bien récompensés par des sourires, des joies immenses et des moments particulièrement émouvants. Élaine Anctil se remémore une mission où elle avait apporté une de ses propres paires de lunettes : « ma vue avait baissé et je devais donc changer de lunettes. Jean-Pierre Tchang a examiné une jeune fille qui avait à peu près ma myopie (je suis moi-même une grande myope qui a subi différentes opérations). Je lui ai remis et ai ajusté les lunettes que j’avais apportées. Je n’oublierai jamais l’émotion que nous avons eue ! Les larmes aux yeux, j’ai fait un gros câlin à cette jeune fille. Elle était très émue de voir pour la première fois ! Je ne pouvais imaginer toutes les difficultés qu’elle a vécues avant ».

Ce sont de nombreux souvenirs, heureux ou moins heureux, qui resteront à jamais gravés dans la mémoire de nos bénévoles : « les diverses missions d’IRIS Mundial auxquelles j’ai participé resteront à jamais des souvenirs inoubliables et je sais que grâce à nos efforts, il y a une parcelle de nous dans plusieurs villages où des aveugles peuvent encore voir le soleil » (Andrée Coulombe).

Depuis les débuts d’IRIS Mundial, ce sont plus de 300 bénévoles qui sont partis dans les nombreuses missions organisées (24 projets ponctuels et 22 missions de formation).

IRIS Mundial et les bénévoles qui ont témoigné aimeraient remercier Dr Jean-Pierre Tchang pour son engagement et son dévouement ainsi que les nombreux partenaires d’IRIS Mundial sans qui, tout ce beau travail n’aurait jamais pu être réalisé !

Merci à ces bénévoles pour leur témoignage :

Le succès de ces missions revient au Dr Jean-Pierre Tchang. Il en était le chef d’orchestre. Il a laissé sa trace à travers le monde et aussi dans nos cœurs.

Liette Fortin

  • Jean-Pierre Tchang (30 missions à son actif avec IRIS Mundial)
  • Andrée Coulombe (9 missions, la première en 2004 au Pérou)
  • Annie Moreau (10 missions, la première en 2000 au Mexique)
  • Benoit Tousignant (5 missions, la première en 2000 au Mexique)
  • Élaine Anctil (6 missions, la première en 2000 au Mexique)
  • Élaine Giasson (7 missions, la première en 2001 au Pérou)
  • Élisabeth Duncan (9 missions, la première en 2004 au Pérou)
  • Gérald Bourgault (6 missions, la première en 2004 au Bénin)
  • Jacques Samson (9 missions, la première en 2004 au Bénin)
  • Jean-François Joly (6 missions, la première en 2001 au Pérou)
  • Liette Fortin (6 missions, la première en 2004 au Bénin)
  • Lyne Paré (13 missions, la première en 2002 au Pérou)