Voici Lyne Paré, médecin et bénévole IRIS Mundial. Lyne a fait plus de 15 missions de 1 à 3 semaines à l’international, au Pérou, à Haïti, au Mexique, au Bénin et en Indonésie, la plupart avec IRIS Mundial, mais aussi avec Terre sans Frontières et l’UPA-DI. Les bénévoles la décrivent comme une personne bienveillante et de grande bonté, toujours soucieuse d’accueillir les gens avec le sourire, et qui prenait le temps de les écouter, de les soulager et de les rassurer. « Que dire de ma chère amie avec qui j’ai eu le privilège de travailler lors de quelques missions au Pérou. Nous formions une vraie équipe : je l’appelais Dre Welby et pour elle j’étais Dre Kelly, comme dans la série américaine! Nous pouvions compter sur la présence rassurante et les bons soins de Dre Lyne 24 heures par jour:  elle était toujours prête comme un soldat pour répondre au problème! », nous mentionnait Johanne de Champlain, bénévole IRIS Mundial et amie de Lyne en mission.

Pour vous permettre de voyager en pensée avec nous, voici ici une description personnalisée des projets ponctuels d’IRIS Mundial, à travers les yeux de Lyne :

« J’ai commencé à faire de la coopération internationale à la suite d’une période de vie plus difficile où j’avais besoin de changement. À l’époque, mon optométriste Jean-Pierre Tchang me parlait avec passion de ses missions à l’étranger, à chacun de mes rendez-vous avec lui. Il avait des étoiles dans les yeux à chaque fois ! À l’automne 2002, je me suis laissé emporter par son enthousiasme : j’ai accepté son invitation et je suis partie avec son équipe à Huaraz, dans les montagnes péruviennes, sans savoir exactement dans quoi je m’embarquais ni comment ces 2 semaines allaient changer ma vie. 

À mes début, j’ai commencé par ajuster des lunettes.  Rapidement, je suis devenue le médecin responsable d’assurer la bonne santé des bénévoles, de faire les examens préopératoires pour les cas de chirurgie oculaire et de faire des consultations générales. Ces missions se font en collaboration avec des partenaires locaux pour la logistique, le recrutement des patients et assurer la continuité des projets. Il faut également obtenir toutes les autorisations nécessaires du ministère de la Santé et des hôpitaux pour apporter le matériel médical, et aussi pour travailler avec le personnel soignant et les bénévoles sur place, afin d’établir un réel échange de connaissances et faire de la formation. 

Pour nous consulter, des gens marchent un jour entier, d’autres s’installent à la porte de la clinique la veille pour accéder aux soins tôt le lendemain.  Ils font la file et attendent pendant des heures, debout, souvent sans nourriture, en plein soleil ou sous la pluie. Ils nous accueillent avec chaleur, sans se plaindre.  En une semaine de travail, l’équipe peut examiner environ 2,500 patients et faire plus de 30 chirurgies.  C’est émouvant de voir une personne aveugle retrouver la vue ou un enfant découvrir le monde qui l’entoure, simplement en lui mettant une paire de lunettes. Chaque personne qui consulte reçoit aussi des lunettes solaires pour protéger ses yeux.

Les conditions de travail ne sont pas toujours faciles : chaleur extrême, altitude, pannes d’électricité, absence d’eau, bris de matériel, parfois devoir partager un dortoir à 20 avec une seule toilette/douche. De plus, les bénévoles peuvent aussi souffrir d’épuisement, de gastro, de déshydratation et de choc culturel. Il faut donc une grande capacité d’adaptation, un bon esprit d’équipe, et être imaginatif puisqu’on travaille souvent avec peu de ressources. Le support du groupe est important, et chacun vit intensément chaque moment.  Nous travaillons tous avec la même ardeur et motivation vers le même but, soit celui de donner des soins de qualité aux plus démunis, dans le respect et sans jugement. 

Après ma 1re mission, c’est devenu un besoin : je voulais apporter quelque chose de plus dans ma vie et dans la vie de ceux et celles qui ont eu moins de chance que moi.  On constate sur place de grandes inégalités, on veut en combler une partie, faire de notre mieux pour changer le monde, une personne à la fois, un acte à la fois. Un de mes souvenirs les plus marquants est ma mission à Huari, en altitude.  C’est aussi la mission pendant laquelle j’ai le plus travaillé. Presque tous les bénévoles ont été malades et certains assez gravement.  Tous les midis, après les consultations à l’hôpital, je faisais l’aller-retour jusqu’au monastère où on logeait pour m’occuper des bénévoles malades et alités.  Pendant ce trajet, j’admirais le paysage, les montagnes, les gens qui travaillaient le sourire aux lèvres et me saluaient en passant.  C’était un peu irréel, tant de beauté et tant de misère à la fois.  Le temps était comme suspendu entre 2 mondes de souffrance.  Si Dieu existe, c’est à Huari qu’on s’y sent le plus proche.

J’ai connu des gens extraordinaires, j’ai fait de belles rencontres, tant au sein des équipes bénévoles du Québec, que des équipes locales. Des gens m’ont ému, par leur gentillesse, leur ouverture d’esprit, leur résilience et leur joie de vivre malgré des conditions de vie souvent difficiles. J’ai découvert des gens chaleureux avec un grand cœur, qui sont simplement heureux de vivre. Chaque mission donne une poussée d’énergie, nourrit l’âme et aide à être une meilleure personne. »